L’œuvre de construction nationale par la modernisation est, en nos États postcoloniaux en retard d’intégration nationale, une urgence politique et un critère de légitimité démocratique.
Le manque intégration nationale est la cause centrale des carences civiques qui génèrent le sous-développement.
Comment pouvoir mettre en œuvre une politique de développement quand un pays est intérieurement divisé entre des groupes ethniques et confessionnels s’affrontant pour l’appropriation du pouvoir d’État ?
Comment pouvoir mettre en œuvre une politique de développement quand la légitimité de l’État est mise à mal par les forces centrifuges du séparatisme ethnique et confessionnelle ?
Comment pouvoir mettre en œuvre une politique de développement quand fait défaut un minimum de sentiment national d’appartenance commune au sein d’une diversité ethnique et confessionnelle dépourvue unité politique ?
Comment pouvoir mettre le pouvoir politique au service des droits fondamentaux et des libertés dont dépend l’émancipation individuelle et collective quand prévalent les ambitions personnelles de pouvoir et de domination divisent intérieurement la cité et conduisent aux divers sécessionnismes et séparatismes ?
Comment pouvoir mettre l’Etat au service de la société quand font défaut la conscience de citoyenneté et l’éthique du Bien commun qui obligent les gouvernants à répondre des gouvernés ?
Les politiques de développement comme le montrent les historiens ne se sont-elles pas toujours nourries de la force de l’Etat-nation qui naît lui-même du processus de construction nationale ?
La nation qui est l’une des conditions de possibilité du développement et l’un de ses acteurs majeurs, se construit par l’action à travers l’œuvre de modernisation.
La nation ne se construit pas par la revendication identitaire et par le verbalisme creux des slogans et des déclamations anticolonialistes naguère dénoncés par Félix Houphouët-Boigny le premier artisan expert du processus de construction nationale ivoirien. L’expertise en cette œuvre de construction nationale par l’action modernisatrice est une source de légitimité démocratique en nos États multiethniques postcoloniaux.
Pour pouvoir présider la République et diriger l’État dans une société multiethnique et multiconfessionnelle, il faut disposer des capacités morales, intellectuelles, technocratiques et politiques qui permettent d’inclure la diversité, d’intégrer la cité et de construire la nation.
Il faut en faire le critère de la légitimité démocratique des acteurs politiques et des prétendants à l’exercice du pouvoir.