« Il faut féliciter le peuple béninois pour son rôle essentiel dans la démocratie », avait déclaré Mr Dioncounda Traoré chef de la mission d’observation de l’Union Africaine, au terme du 1er tour de la Présidentielle Béninoise. Il avait déploré cependant « l’irruption de l’argent sur la scène politique ». « C’est une tendance dans la sous-région. Cela dénote une certaine faillite des partis politiques », avait-t-il estimé. La réduction du jeu démocratique africain au respect formel des procédures favorise le monopole politique des candidats les plus fortunés. L’irruption de l’argent sur la scène politique africaine donne la triste impression que le jeu démocratique africain est réservé à des oligarchies.
Loin d’être anecdotique, cette faillite des partis politiques africains est le signe d’un mouvement de réajustement structurel du système de domination endogène qui sévit à l’échelle de la sous-région depuis la décolonisation: la mainmise de l’Etat sur la société, la domination politique et économique des oligarchies locales, l’instrumentalisation politique de la société et des identités culturelles par les maîtres du pouvoir politique. Cette faillite des partis politiques africains et cette irruption mimétique de l’argent sur la scène politique inaugurent un dévoiement de la démocratie africaine naissante et une récupération politique de l’économie définie comme cheville ouvrière de l’intégration socio-politique.