De même que le choix républicain du général De Gaulle en France, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, incarne un exemple historique de la prééminence de la République, le choix républicain et l’option du nationalisme libéral, qui instituèrent l’alliance entre l’ethnicité et la modernité en Côte d’Ivoire, est un schème historique éclairant pour l’action politique ivoirienne (Cf. « L’esprit de l’houphouëtisme. Chap III, P71, in Le RHDP, continuité d’une vision démocratique et républicaine. Édit : NED Abidjan Janvier 2019).
Le choix du Père de la nation instruit, en qualité d’exemple, notre pays où certaines fractions de l’échiquier politique tentent de rompre l’alliance originelle de l’ethnicité et de la modernité, récusent la modernité, prônent la fermeture communautaire et l’homogénéisation ethnique de la société, tentent de faire de l’anti-républicanisme et de l’anti démocratie des modèles politiques et sociaux en Côte d'Ivoire.
L'Houphouëtisme est la synthèse productive du particularisme culturel et de l'universalisme de la raison. C’est l'affirmation de l'identité à travers la reconnaissance de la différence et l'ouverture à l'altérité. C’est le consentement de la chefferie traditionnelle et de l’ethnie à la République et à l’Etat moderne à travers l’affirmation de la citoyenneté et de la nation.
Dans la figure du développement et de la modernisation comme processus d’intégration nationale, cette articulation permet de médiatiser les identités culturelles et la rationalité instrumentale dans l’Etat moderne.
L’houphouëtisme n’est pas la fermeture communautaire, l’appel à la défense d’une culture autochtone contre une invasion d’étrangers, l'appel à la haine et à la violence, ni l’appel au rejet de l’altérité et des transformations économiques.
L’houphouëtisme n’est pas la récusation de l’Etat par la chefferie traditionnelle, le rejet de la nation par l’ethnie, l’opposition de l’identité culturelle à la république, l’affrontement entre l’ethnicité et la citoyenneté, la quête d’une homogénéité culturelle de peuples autochtones.
L’houphouëtisme n’est pas la volonté d’instituer un régime communautariste et de reconstruire une société communautariste par le rejet de l’étranger et par la purification ethnique.
Cet anti-houphouëtisme est né en Côte d’Ivoire dans les années 1990 sous les œuvres d’une fraction identitaire nichée dans le PDCI-RDA. Cette fraction identitaire incarnait la face d’ombre de l’ethnicité qui ne s’y réduit pas.
Le génie de Félix Houphouët-Boigny fut de promouvoir la face de lumière de l’ethnicité. Cette face de lumière de l’ethnicité est la dimension productive de l’ethnicité, l’esprit de créativité des cultures, leur génie créateur, leur capacité intrinsèque d'inventer de la nouveauté pour s’adapter au changement ou le promouvoir.
Cet esprit d’inventivité des cultures ethniques est leur dimension d’universalité. C’est le pouvoir d’historicité des identités culturelles. Il traduit leur aptitude à s’ouvrir au changement et à se transformer pour se conserver et se perpétuer dans le temps, à modifier les anciennes structures et à en inventer de nouvelles, en intégrant les apports étrangers dans un monde de rencontres et d’interactions en perpétuelle évolution. (A suivre)
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