Les vertus cathartiques et thaumaturgiques de l’amnistie présidentielle en Côte d’Ivoire.

Candidature potentielle quasi déclarée du Président de l’Assemblée Nationale à l’élection présidentielle 2020 ; chute du masque démocratique et socialiste du FPI à travers l’ethno-nationalisme assumé de Moïse Lida Kouassi et les propos bellicistes de Simone Gbagbo ; rupture ouverte et assumée  du front républicain RHDP par une fraction ethnonationaliste du PDCI au profit d’une alliance politique avec le Front Populaire national-populiste: l’amnistie présidentielle déploie sa vertu cathartique et thaumaturgique en Côte d’Ivoire. Les masques des ethno-nationalistes et des autocrates ivoiriens s’effondrent les uns après les autres à cadence régulière.

La candidature du Président de l'Assemblée nationale à la Présidentielle 2020 était un secret de polichinelle. Les Ivoiriens subodoraient cette candidature inédite dans une démocratie républicaine pluraliste parce qu'elle viole tout simplement le principe démocratique élémentaire de séparation des pouvoirs.

Ainsi les masques tombent permettant aux Ivoiriens de distinguer les autocrates camouflés et les vrais démocrates, les démagogues désireux de confisquer le pouvoir du peuple pour nier ses droits, et les démocrates désireux d'être autorisés par le peuple à servir ses droits.

C'est l'une des vertus thaumaturgiques de l'amnistie présidentielle. Elle contraint les imposteurs et les antidémocrates de tous bords à se démasquer. CET EFFONDREMENT DES MASQUES EST SALUTAIRE POUR LA LIBERTÉ DE CHOIX DES IVOIRIENS.

Naguère encore floue, la reconfiguration de l’échiquier politique s’éclaire et laisse transparaître une ligne de fracture entre deux forces opposées au programme politique et au projet sociétal contradictoires. (cf. « le synopsis critique des forces politiques en présence en Côte d’Ivoire ». Cedea.net ; Avril 2018). Elle met aux prises  des forces progressistes désireuses de renforcer la démocratie républicaine pluraliste pour réaliser son projet et  des forces réactionnaires désireuses d’abroger ce régime pour reconfigurer la société et l’Etat ivoiriens selon le programme du nationalisme communautaire.

Assimilant l’amnistie présidentielle à un signe la faiblesse politique et à une crise de légitimité du Président de la République, Moïse Lida Kouassi et Simone Gbagbo se sont laissés aller, découvrant au grand jour par des déclarations sans équivoque, la vision communautariste et ethniciste de la société et de l’Etat du FPI. Les prises de positions du PDCI identitaire contre la pérennisation du front républicain RHDP, la revendication assumée de sa vision communautariste de la société et du pouvoir, laissent voir qu’il demeure attaché à un modèle ethnique de la nation et de l’Etat

Interprétant l’amnistie et la déclaration du Président de la République sur le passage du témoin à une nouvelle génération comme une consécration des notions antidémocratique de « transition générationnelle », les tenants de cette vision, à l’intérieur du RDR, se sentent légitimés. Identifiant cette déclaration à un signe d’adoubement, cette faction appelle son chef, qui se trouve être le Président de l’Assemblée nationale, à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2020.  

C’est aussi cela la vertu thaumaturgique et cathartique de l’amnistie présidentielle. Elle a clarifié l’identité politique réelle des forces en présence en Côte d’Ivoire. Les masques s’effondrent, les démagogies qui dissimulaient des projets antidémocratiques éclatent.

 Faisant voler en éclat  les pièges élaborés pour dissimuler les responsabilités et entretenir le statut quo au profit d’ambitions personnelles et d’intérêts partisans, l’amnistie du 06 août 2018 dévoile la fonction réelle de la thématique de la réconciliation. Cette thématique  était un dispositif de verrouillage du système politique et un filet de captation de l’Etat par le bloc identitaire et autocratique ivoirien. (cf « La thématique-valise de réconciliation nationale, arnaque politique du nationalisme communautaire contre la démocratie en Côte d’Ivoire. ».  Cedea.net ; février 2018)  

Au delà de sa dimension politique, la vertu thaumaturgique  de l’amnistie présidentielle, si l’on choisit de l’interpréter comme une performance d’habileté stratégique et tactique, consiste à clarifier les raisons profondes de la crise des années 1990 et de la guerre civile de 2010.

L’amnistie présidentielle du 6 Août 2018 a débusqué les fauteurs de guerre. Elle a obligé les forces antidémocratiques ivoiriennes à parler sans fard. Elle a fait éclater la démagogie sous laquelle ces acteurs camouflaient leur projet de reconfigurer la Côte d’Ivoire selon le projet sociétal du nationalisme ethnique.

Les déclarations publiques de Moïse Lida Kouassi et de Simone Gbagbo, les prises de positions du PDCI contre la pérennisation du  front républicain RHDP prouvent clairement que la crise des années 1990 et de la guerre civile de 2010 furent causées par la volonté de ces acteurs politiques de reconfigurer ethniquement et communautairement la société ivoirienne et de confisquer l’Etat ivoirien à cet effet.

Ce projet, comme en témoignent leurs discours et leurs pratiques politiques actuels,  est demeuré intact par delà les années. Les forces du bloc identitaire ivoirien aspirent à reconquérir le pouvoir d’Etat en 2020  pour le rééditer. L’amnistie présidentielle du 6 Août 2018 a donc fait éclater la démagogie sous laquelle se cachait ce projet. Elle a dissipé l’écran de fumée sous lequel s’abritaient et opéraient les ethno-nationalistes ivoiriens en quête de crédibilité nationale, de majorité électorale, de légitimité nationale et de respectabilité internationale. Elle a brisé leur masque et éclairé d’une lumière blafarde  leur visage anti-démocratique grimaçant et sinistre.

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