Les dévoiements de la démocratie représentative, le viol de l'esprit de ses institutions dont nous sommes nous mêmes les auteurs et les acteurs, instaure en nos pays d'Afrique Noire, une politique de Gribouille dont tirent profit des individus, des factions d'intérêts privés étrangers et locaux au détriment des populations. Verrait-on en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Autriche, en France, en Grande-Bretagne, en Inde, au Brésil, autrement dit dans les pays vivant sous un régime de démocratie représentative, le chef du parlement se porter candidat à une présidentielle dans l'exercice de ses fonctions? Je peux me tromper. Mais à ma connaissance, il n'existe aucun exemple de ce genre dans les démocraties représentatives du monde.
Nous devons, en Afrique Noire, cesser de tropicaliser la démocratie représentative. Cette tropicalisation transforme la démocratie représentative en démocratie communautaire. Elle transmute la représentativité sociale représentativité de type communautaire avec toutes les conséquences catastrophiques que l'ont sait. Nous devons aussi cesser de personnaliser les débats et les affrontements politiques, de privatiser les problématiques publiques ayant trait à l'intérêt général et au Bien commun.
Nous devons cesser de forclore l’espace public, d’y interdire l’accès, de réduire notre vie individuelle et existence collective au domaine privée des familles, des clans et des tribus.
Les dévoiements de la démocratie représentative, le viol de l'esprit de ses institutions dont nous sommes nous mêmes les auteurs et les acteurs, instaure en nos pays d'Afrique Noire, une politique de Gribouille dont tirent profit des individus, des factions d'intérêts privés étrangers et locaux au détriment des populations. Ces forces de prédations nous y incitent car nos divisions internes font, au plus haut point, leurs affaires. La tropicalisation de nos démocraties, l'absence d'unité nationale citoyenne, la division ethnique, favorisent l'ancrage des forces de domination locales et étrangères. Il nous faut donc remédier impérativement à cette situation au risque de périr ensemble.
Notre cap et notre urgence doit être de construire la citoyenneté et un sentiment d'appartenance nationale commune en nos pays, de bâtir la Nation et d'édifier des États-nations sans lesquels n'est possible aucun développement endogène. Nous sommes terriblement en retard sur ce plan alors même la nouvelle ère du monde est à la construction d'ensembles politiques et économiques transnationaux intégrés.
Nous naviguons donc à contre-courant de l'esprit du temps et les écueils les plus dangereux et les plus mortels qui se dressent devant nous sont les tentations identitaires et les séparatismes qui nous tendent des pièges, telles des sirènes. Le chemin de notre salut collectif en Afrique Noire ne se trouve pas dans la tropicalisation de la démocratie représentative et dans le repli sur nos identités ethniques. Il se trouve dans le mariage entre la tradition et la modernité, entre l’ethnicité et la rationalité. Il se trouve dans le respect de l'esprit démocratie représentative et de ses institutions.
Les commentaires sont fermés