Le présidentialisme fort américain est objectivement limité par des Institutions par une Administration et un pouvoir judiciaire indépendants qui garantissent le respect des libertés personnelles et des droits fondamentaux. Mais il est aussi limité subjectivement par la conviction démocratique et éthique de la majorité des citoyens et acteurs politique américains comme en atteste l’opposition exemplaire de la majorité des ténors du parti républicain, sur des bases éthiques, au national-populiste républicain Donald Trump.
Le choix éthique et politique des Républicains américains qui se sont, à l’intérieur du parti, opposés aux dérives démagogiques et xénophobe de Donald Trump et de sa faction d’ethno-nationalistes blancs, a permis de mettre en échec ses mesures dangereuses. Cette décision de courage moral sauvegarde la destination institutionnelle du parti, à savoir la défense de la liberté qui est l’une des expressions de l’esprit de la Constitution.
A la différence du parti Républicain aux États-Unis, la politique partisane de LR ,la droite Républicaine, en France semble au contraire, exclusivement régie par un impératif d’habileté qui écarte toute considération éthique et donne la priorité aux stratégies d’appareil relativement à la conquête du pouvoir, par tous les moyens, comme le montre de manière emblématique, le cas Fillon. Ce choix subjectif d’une partie significative des acteurs politiques de la droite française qui mettent les institutions au service de leurs intérêts particuliers et factionnels, affaiblit la démocratie française. De manière apparemment concertée, sont montées des manœuvres partisanes de diversion, des accusations de type complotiste, des stratégies de leurres pour détourner le regard du public hors des faits qui fragilisent leur candidat. Dans une sorte de complicité, sont mises en œuvre des stratégies partisanes de communication pour inventer des faits alternatifs qui permettent de noyer ses fautes scandaleuses commises dans l’exercice de sa fonction d’élu, pour récuser les enquêtes judiciaires et les détourner sur l’adversaire.
Le contrepoint américain met en évidence la faillite politique et éthique d’une majorité des Républicains français qui ont, au contraire, renoncé aux valeurs de la droite républicaine, pris pour modèle Front National et dont certains tentent aujourd’hui, par pure cynisme électoraliste, d’imiter les méthodes dangereuses de l’américain.
Adossés au rempart de leur conviction républicaine, les Républicains américains n’ont jamais pris le Tea Party de Sarah Palin pour modèle de référence. En France, au contraire, une grande partie des Républicains français, aux convictions démocratiques faibles et chancelantes, prend le Front national de Marine Lepen pour modèle, adopte ses valeurs, et son langage, réussit à mettre en minorité les républicains Français de conviction tels Alain Juppé, François Bayrou ou Jean-Pierre Raffarin. Appuyés sur un électorat radicalisé pour les besoins de la cause et qui préférait voir à la tête de l’État français un populiste sans vergogne plutôt qu’un homme de principe et de vertu, ces politiciens dévoient de ce fait la droite française, institution de défense de la liberté en France comme la gauche, est en France, l’institution de défense de l’égalité.
Au-delà des institutions, la conviction démocratique et patriotique des personnes qui en servent l’esprit, est donc le rempart ultime permettant de protéger la démocratie contre sa chute dans les précipices de la dictature, de la partitocratie, du nationalisme identitaire et du populisme. Ces formes politiques antidémocratiques sont d’abord contrecarrés, in foro interno, par le consensus sur les valeurs de la république et de la démocratie, fondement de de la Constitution.
Aux Etats-Unis, le travail de vérification de constitutionnalité par des magistrats judiciaires incorruptibles indépendants, animés par des convictions républicaines et démocratiques transpartisanes, permet d’invalider les décisions illégales de l’exécutif. La solidité de ces convictions est la source de la force des institutions qui permettent de lutter efficacement contre le péril autocratique et nationaliste représenté dans le pays par le gouvernement Trump.
De ce point de vue, l’efficacité de la résistance démocratique et républicaine des Américains, contre les lubies autoritaires de Donald Trump et contre son national-populisme, encourage les démocrates et les républicains africains à emprunter cette voie pour contrer le péril populiste et identitaire en Afrique. Les vertus internes de la démocratie américaine appellent donc à corriger les carences institutionnelles et subjectives qui empêchent le saut qualitatif de la démocratie africaine. Ces carences, tiennent au maintien, dans un grand nombre de pays africains, de la dépendance des pouvoirs législatif et judiciaire à l’exécutif. Elles tiennent à l’absence d’indépendance de l’Administration et des Institutions, à la carence de la conviction républicaine et démocratique d’un grand nombre d’acteurs politiques, de magistrats, de militaires et de policiers, et aussi d’acteurs sociaux.
L’exemple américain montre, en conséquence, que l’objectif ultime de la lutte démocratique africaine doit être de conquérir l'indépendance du pouvoir judiciaire, et l’autonomie des Institutions garantes de l’intérêt général. Il montre que l’objectif ultime de l’éducation démocratique africaine doit être de former, dans le peuple, une conscience de la citoyenneté et un sentiment d’appartenance citoyenne. Il indique que la priorité ultime est de bâtir chez les acteurs politiques, les magistrats, les policiers et les militaires, spécifiquement de la haute hiérarchie, un sentiment et une conviction démocratique et républicaine. La décision courageuse des juges Sud-africains et Kényans est, en Afrique, un signe d’espoir sur le chemin rocailleux de cette difficile conquête.
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